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Militantisme et politique institutionnelle : une liaison dangereuse ?

Lorsqu’il faut répondre à la question : doit-on ou non porter nos luttes à l’intérieur ou en dehors des institutions peut-être que la réponse la plus pertinente - en tout cas à mes yeux - serait de dire : il faut faire les deux. 

Léa Chamboncel

03 avr.

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Militantisme et politique institutionnelle : une liaison dangereuse ?

Lorsqu’il faut répondre à la question : doit-on ou non porter nos luttes à l’intérieur ou en dehors des institutions peut-être que la réponse la plus pertinente - en tout cas à mes yeux - serait de dire : il faut faire les deux. 

Léa Chamboncel

03 avr.

Quand on parle de combats féministes, il y a une question qui revient souvent : faut-il oui ou non investir les institutions pour faire avancer nos droits et nos luttes ? 

Lorsque j’ai mené les interviews en vue d’écrire mon premier essai, j’ai été frappée par le nombre de personnes qui avaient eu, préalablement à leur mandat, un engagement associatif ou militant en dehors de la politique institutionnelle ou partisane. Elles partageaient presque toutes le même sentiment selon lequel pour “aller plus loin” et faire réellement bouger les choses, il fallait s’engager en politique en rejoignant un parti et / ou en ayant un mandat. Certain·es ont rapidement déchanté en poussant les portes de la “Popol”. Et pour cause, l’environnement politique est excessivement violent pour toute personne socialement dominée et il est souvent difficile de faire réellement bouger les choses. 

Sans compter que l’instrumentalisation des luttes à des fins électoralistes est une pratique courante dans les partis politiques, notamment à gauche… Cela a notamment pour conséquence de décourager les militant·es au point de les dégoûter de tout ce qui ressemble de près ou de loin à un parti politique, une réunion du conseil des ministres, à un débat à l’Assemblée nationale, voire à un bulletin à glisser dans une urne… Difficile de ne pas aller dans leur sens parfois, encore plus lorsque l’on est témoin au quotidien des mesquineries de la “Popol” (NB : à ne pas confondre avec Popol, votre média politique préféré). 

Par ailleurs, beaucoup ressentent la crainte de dénaturer leur engagement, de l'édulcorer au contact des sièges en velours de nos institutions. Celleux qui ont franchi le pas l’affirment : la politique institutionnelle et partisane nous change. Je me souviens de cette interview avec Manon Aubry, députée européenne LFI et ancienne porte-parole d’Oxfam France, au cours de laquelle elle me racontait qu’elle s’était écrit une lettre à elle-même le jour de son élection. Une lettre où elle avait mis toutes les raisons pour lesquelles elle s’est engagée et toutes les lignes rouges qu’elle ne voulait pas franchir, toutes les choses qu’elle ne voulait pas faire. Cette lettre, elle l’a envoyée à des amies très proches, qui ne font pas du tout de politique et qui sont les garantes du bon respect de ces règles. 

Enfin, et malgré toutes les bonnes raisons qui semblent nous éloigner du monde politique, force est de constater que les outils législatifs et juridiques, aussi imparfaits et inégaux soient-ils, peuvent parfois s’avérer utiles pour la conquête et la protection de nos droits. 

Alors lorsqu’il faut répondre à la question : doit-on ou non porter nos luttes à l’intérieur ou en dehors des institutions peut-être que la réponse la plus pertinente - en tout cas à mes yeux - serait de dire : il faut faire les deux. Il faut faire les deux car le militantisme est fondamental pour porter nos revendications et son rôle de vigie à l’égard du pouvoir politique est essentiel. Mais il faut aussi faire les deux car il est nécessaire de contrer les forces conservatrices qui gangrènent nos institutions et la présence de responsables politiques qui y portent nos luttes permet de résister et de protéger - parfois difficilement, il faut bien l’admettre - nos conquis sociaux.

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