Et si la parité sociale était la grande idée oubliée du débat démocratique ? À force de parler de crise de la représentation, d’abstention et de “déconnexion des élites”, on en oublie un détail essentiel : notre classe politique n’est pas seulement masculine, elle est aussi (et surtout) socialement homogène. Pour résumer, on peut dire qu’elle est riche, diplômée, et coupée de la réalité.
Selon le rapport “Tous les mêmes ? Portrait social de la France politique de 2002 à nos jours” publié par le collectif Démocratiser la politique (DLP), créé il y a trois ans, 87 % des eurodéputé·es français·es élu·es en 2024 appartiennent aux classes supérieures. À l’Assemblée nationale, les député·es issu·es des catégories populaires ne représentent que 6 % des élu·es, contre 2 % en 2012. Et si l’on continue à ce rythme, il faudrait attendre 2096 pour atteindre une représentation équilibrée entre classes sociales.
Autrement dit, la démocratie française fonctionne avec une moitié de la population absente de la table des décisions. Et pourtant, les Français·es issu·es des classes populaires ne sont pas désintéressé·es de la politique. Au contraire, comme nous l’apprend le rapport de DLP, 1,4 million de personnes issues des milieux ouvriers ou employés se sont portées candidates à au moins une élection depuis 2002, soit la moitié de l’ensemble des candidatures. Le problème, ce n’est donc pas la prétendue “apathie” populaire, mais un système d’exclusion structurelle nourrie par tout un tas de freins : manque d’accès au financement, absence de réseaux, candidatures reléguées en bas de liste, mépris social bien ancré, etc.
C’est là qu’entre en jeu la proposition du collectif : la parité sociale. Inspirée de la parité femmes-hommes instaurée par la loi du 6 juin 2000, elle viserait à imposer aux partis politiques de présenter un quota de candidat·es reflétant la composition sociale réelle du pays. Pas seulement un symbole : une révolution structurelle, qui ferait de la politique un miroir de la société plutôt qu’une oligarchie déguisée en démocratie défectueuse.






