La place des femmes dans l’histoire, la place des femmes dans le cinéma, la place des femmes dans le rap, dans la littérature, la place des femmes en politique, la place des femmes dans les conseils d’administration… La quatrième vague de féminisme a beaucoup œuvré pour que les femmes puissent prendre enfin leur juste place aux côtés des hommes. Pour nombre d’entre nous, il apparaît important que les petites filles aient des roles models, que les femmes puissent, elles aussi, avoir leur part du gâteau, du succès, de l’argent, une carrière. Qu’elles soient considérées à leur juste valeur… Mais dans une société marquée par une solide alliance entre le capitalisme et le patriarcat, de telles injonctions ne sont pas sans conséquences.
À en croire certains et certaines, le succès d’une carrière réussie pour une femme ne tiendrait qu’à une volonté farouche et à un féminisme bien chevillé au corps. Seulement voilà, si les hommes ont pu investir l’espace public, ont pu créer, construire, fonder… le tout dans un confort matériel, affectif et mental, c’est bien parce que les femmes prenaient tout le reste en charge. Le reste : l’éducation des enfants, l’entretien de la maison, l’organisation des liens sociaux, les parents vieillissants, la gestion des loisirs… Car ce ne sont, hélas, toujours pas les petits oiseaux qui nous habillent le matin !
Dans son article Féministes, qui fait le ménage chez vous ? (La Déferlante), la journaliste Lucie Tourette montre que l’accession massive des femmes à de plus hautes responsabilités professionnelles ne s’est pas accompagnée d’une redéfinition des tâches domestiques : en moyenne et en France, les hommes en couple effectue 1h17 de travail domestique par jour contre 2h59 pour les femmes. Et le taux de recours à des aides domestiques rémunérées a augmenté de 2,5 point pour atteindre les 12 %. Cet état de fait pose un vrai problème féministe puisque ce faisant, on continue à favoriser un monde d’hommes. Simplement, on décale le problème du travail domestique, en le confiant à des femmes plus pauvres et plus précaires. Et de moins en moins visible dans la société.