Violences et politique

Pendant plusieurs jours, tous les yeux étaient rivés sur l’hémicycle de l’Assemblée nationale où, dans une ambiance quelque peu électrique, était débattu le projet de réforme des retraites, introduit par le gouvernement en janvier dernier. Pendant tout ce temps, il n’y a pas eu une journée sans qu’une intervention ou un échange (souvent entre les membres du gouvernement et les député·es) ne soit repris sur les réseaux sociaux. Pas une journée sans que le débat de fond sur la réforme des retraites ne soit invisibilisé par des échanges qualifiés, par certain·es observateurices de la vie politique, de “violents”. 

Une occasion pour rappeler plusieurs choses et vous livrer quelques réflexions que nous nous faisons chez Popol…

Déjà, la violence en politique, et plus particulièrement au sein de l’Assemblée nationale, n’est pas un phénomène nouveau, loin de là… Et pour cause, cet environnement longtemps resté exclusivement masculin, est celui où les codes de la virilité sont poussés à leur paroxysme… La violence que nous pouvons encore aujourd’hui constater au sein des instances politiques est une conséquence directe de l’exercice viriliste du pouvoir. 

Mais bien plus que des insultes et invectives pendant des débats agités, la violence en politique s’illustre souvent d’une manière encore plus brutale à l’égard des personnes socialement dominées – et notamment des femmes – à travers de nombreuses techniques pouvant parfois aller jusqu’au féminicide, comme nous le rappelle l’excellent travail réalisé par nos consoeurs du collectif Youpress à travers leur newsletter “‘Femmes à abattre”.

Sans aller aussi loin, les récentes démissions de Jacinda Arden et de Nicola Sturgeon nous montrent qu’il est bien difficile de porter une politique progressiste et féministe dans des sociétés encore totalement gangrénnées par le patriarcat. 

Enfin, lorsque certain·es responsables politiques pointent du doigt les supposées violences subies, un air d’hypocrisie plane au-dessus du palais Bourbon. Car en effet, nous sommes depuis plusieurs années les spectacteurices d’une tragédie grecque où les principaux et principales acteurices nous livrent des monologues rances et odieux. La violence se cache aussi – et surtout – derrière ces prises de parole qui contribuent à la banalisation des discours racistes, LGBTphobes et sexistes dans les instances politiques. La violence et la haine résultant de cela a des répercussions concrètes sur la vie quotidienne des gens dans un pays où les attaques racistes, sexistes et LGBTphobes sont quotidiennes.

Et pour (vraiment) finir, la violence résulte aussi des choix politiques car les politiques publiques ont un impact concret sur nos vies et leur qualité. Dire non au report de l’âge légal de la retraite c’est aussi une façon de se protéger de la violence sociale orchestrée par nos dirigeant·es !

Léa Chamboncel

  • 21 février 2023