“L’important dans la vie, ce n’est point le triomphe mais le combat” ? 

“Dimanche dernier, lors de la cérémonie organisée à Saint-Paul (à Londres) en l’honneur des athlètes, l’évêque de Pennsylvanie l’a rappelé en termes heureux : l’important dans ces olympiades, c’est moins d’y gagner que d’y prendre part. Retenons, Messieurs, cette forte parole, l’important dans la vie, ce n’est point le triomphe mais le combat ; l’essentiel ce n’est pas d’avoir vaincu mais de s’être bien battu”. Si l’on connaît par cœur la devise “l’important c’est de participer”, prononcée par Pierre de Coubertin en 1908, on ne connaît pas souvent la fin ni son contexte. Or, vous en conviendrez : cela importe. 

En réalité, cette phrase n’a d’autre ambition que de dire qu’il faut respecter les valeurs sportives universelles du sport, et promouvoir un esprit de saine émulation, plutôt que d’y placer des visées politiques. Coubertin reprend les mots prononcés à Londres par l’évêque de Pennsylvanie lors d’un toast pour les 4èmes JO.

Et même si en termes de combat, chez Popol on est d’accord avec lui, Pierre de Coubertin n’est pas connu pour sa vision féministe de la compétition. Si sous sa présidence, les JO ont vu la participation des femmes multipliée par 6, il est resté opposé à la participation féminine aux épreuves d’athlétisme toute sa vie.

Mais cocorico ! L’édition parisienne des JO en 2024 se targue d’être la première édition paritaire de l’histoire des JO. C’est du 50/50 au global et on aura attendu les 33ème Olympiades ! Gros efforts donc au point d’en faire une ligne de communication importante pour célébrer l’égalité femmes-hommes (on ne rouvre pas ici le débat sur le logo hypersexualisé des JO… on vous le laisse pour pimenter votre été s’il en a besoin 😊). Attention, toutes les disciplines ne sont pas paritaires pour autant, comme la lutte (192 hommes, 96 femmes), le foot (288 hommes, 216 femmes), la gym (206 femmes, 112 hommes), les sports aquatiques (722 femmes, 648 hommes).

Au total, cette édition parisienne comptera moins de compétitions et de disciplines qu’à Tokyo (2021) ou Rio (2016). Sans amoindrir les efforts fournis par le CIO pour faire de cette édition une édition paritaire, c’est quand même numériquement plus simple d’être paritaire quand on il y a moins de disciplines ou de compétitions. Et on aura mis 128 ans !

Des JO TRANSnationaux ?

L’important c’est de participer, oui mais pas tout le monde. Le CIO laisse aux fédérations internationales la liberté de décider des conditions de participation des athlètes depuis novembre 2021, suite à l’adoption d’un texte cadre sur « l’équité, l’inclusion et la non-discrimination sur la base de l’identité sexuelle et de l’intersexuation ». Avant 2021, il était par exemple possible pour un homme transgenre d’intégrer les compétitions masculines dès son identification comme transgenre, alors qu’une femme transgenre devait s’être identifiée comme telle pendant 4 ans au minimum avant de pouvoir intégrer une compétition féminine et subir un traitement hormonal spécifique.

C’est donc maintenant aux fédérations internationales et aux organisations sportives d’élaborer et de mettre en œuvre les critères d’admission et ce n’est pas sans soulever de débat. En mai dernier, la sprinteuse française Halba Diouf avait réagi à la décision de la fédération internationale d’athlétisme d’interdire les compétitions féminines d’élite aux femmes transgenres. « Je ne peux pas comprendre cette décision car les femmes transgenres ont toujours été autorisées à concourir si leur taux de testostérone était inférieur à un certain seuil », avait-elle alors déclaré à Reuters. Il en va de même pour les sports aquatiques. La Fédération Internationale de Natation (Fina) a interdit la compétition aux nageuses transgenres car, selon une enquête, “elles conserveraient un avantage significatif sur les nageuses cisgenres”, même après avoir réduit leur taux de testostérone par des médicaments. La Fina envisage toutefois de créer une “catégorie ouverte”, destinée aux athlètes transgenres. Pour Athlete Ally, un groupe de défense des intérêts des athlètes LGBTQI+, “les nouveaux critères d’éligibilité de la Fina pour les athlètes transgenres et les athlètes présentant des variations intersexuelles sont discriminatoires, nuisibles, non scientifiques et non conformes aux principes du CIO de 2021”.

Alors les combats ? Monsieur le Baron…

Clothilde Le Coz

  • 10 juillet 2023