Le sursaut républicain

Vous allez certainement me dire que j’exagère mais je pense que l’on pourrait qualifier la période que nous traversons actuellement de “pré-fasciste”, c’est-à-dire une période où on a un avant-goût de ce que pourrait être un pays gouverné par l’extrême-droite. Je m’explique. Le RN gagne du terrain, à la fois sur le plan institutionnel (en ayant toujours plus d’élu·es) et sur le plan idéologique. Par ailleurs, on a bien compris qu’il ne fallait pas compter sur la majorité au pouvoir pour contrer cette ascension… Au contraire, on a le sentiment que tout est fait pour préparer le terrain à Marine Le Pen and co.

Face à ça, la gauche tente des trucs mais c’est pas ouf. La NUPES a le mérite d’exister, malgré ses détracteurices. Des textes communs sont portés par des parlementaires de gauche, des alliances sont même envisagées au niveau local pour les prochaines sénatoriales. Mais on a le sentiment que tout cela demeure circonstanciel et face à la montée du Rassemblement national, on dirait que ça rame pas mal… 

D’ailleurs, quand j’ai demandé à Marine Tondelier, sur le plateau de Backseat, ce que son parti fait pour contrer la montée (presque inextricable) du RN, et pour éviter que ce soit à nouveau la deuxième force politique au Parlement européen, elle m’a répondu qu’une commission “extrême-droite avait été créée au sein d’EELV” et qu’il y avait une volonté de “renouer avec les territoires”. Je ne me suis toujours pas remise de cette réponse pour être très honnête avec vous. Si elle m’avait répondu “pas grand chose”, ça aurait été la même chose mais en plus sincère.

Alors, il ne s’agit pas de dire que personne ne fait rien contre l’extrême-droite, surtout à gauche, mais il s’agit d’admettre qu’il n’y a vraisemblablement pas de stratégie commune. Les responsables de la NUPES ont récemment appelé à un “sursaut républicain et transpartisan” face aux violences d’extrême-droite. C’était à l’occasion d’une manifestation de soutien au maire de Saint-Brevin-les-Pins, Yannick Morez, dont la maison a été incendiée lors d’un attentat d’extrême-droite. Un “sursaut républicain”, oui très bien mais concrètement ça veut dire quoi ? Que peut faire (ou doit faire) ce que l’on appelle “la gauche” face à l’extrême-droite ? Quel est le plan des partis qui représentent la gauche ? On aimerait bien savoir ! 

Côté “société civile” (comme on dit), quand on voit le succès grandissant du fémonationalisme dans notre pays, on a de quoi s’inquiéter. Et on peut parfois être traversé par un sentiment d’inutilité… On s’épuise à argumenter, à démontrer par A + B que l’extrême-droite au pouvoir ce serait un naufrage absolu, plus particulièrement pour les personnes socialement dominées, et pourtant, on a souvent l’impression que c’est perdu d’avance. Sans compter les attaques et menaces quotidiennes qui nous minent… Mais même si nos efforts, nos combats ne se transforment pas toujours en victoires, il ne faut pas reculer, il ne faut jamais reculer ! Il faut s’imposer, partout, tout le temps. Il faut défendre nos idées et démonter celles qui cherchent à promouvoir la haine. Il faut réussir à s’imposer et pour cela il faut faire alliance, dans le monde politique, comme dans le monde militant ! C’est maintenant, ou ce sera trop tard…

Léa Chamboncel

  • 2 juin 2023