La crise du logement est-elle genrée ?

12 millions, c’était le nombre de personnes qui étaient concernées en 2019 par la crise du logement en France. Avec la crise liée au Covid 19, l’inflation, la crise énergétique et la politique antisociale menée par le gouvernement (l’aide personnalisée au logement (APL) a été réduite de 5 euros par mois et par ménage en 2017) ce chiffre s’est alourdi considérablement pour atteindre 14,6 millions en 2022 *.
Au problème structurel de la crise du logement en France, vient donc s’ajouter des problèmes conjoncturels et des décisions politiques appauvrissantes dont les conséquences sont désastreuses pour de nombreuses personnes. Les hébergements d’urgence sont engorgés, 2,4 millions de ménages sont en attente d’un logement social, depuis 2012 le nombre de personnes sans domicile a doublé (plus de 330 000 aujourd’hui), etc.
Les associations pointent du doigt le manque d’efforts de la part des autorités publiques : la production de logements en résidences sociales stagne depuis des années, beaucoup de communes refusent de respecter les quotas de logements sociaux imposés par la loi SRU, les aides à la pierre sont en baisse, etc.
En 2023, c’est une première, la Fondation Abbé Pierre a adopté une approche genrée pour la réalisation de son rapport annuel. On y apprend que le mal-logement touche d’abord les femmes seules, particulièrement celles qui sont en situation de monoparentalité et que les personnes LGBTQIA+ sont davantage discriminées dans l’accès au logement notamment locatif.
La conclusion du rapport est sans appel : “La forte présence des violences de genre, qui constitue la toile de fond plus ou moins tacite de nombreuses situations d’exclusion sociale, représente une cause structurelle du mal-logement et de l’invisibilisation des victimes, au sein des familles, dans l’espace public mais aussi au sein du système de veille sociale et d’hébergement”.
Ah, j’ai failli oublié mais le gouvernement a récemment fait des annonces en matière de logement. Le 5 juin, Elisabeth Borne a présenté une série de mesures pour “faciliter l’accès à la propriété et à la location”, parmi lesquelles : la prolongation du prêt à taux zéro, l’élargissement de la caution publique pour les locataires, le développement des locations à loyer intermédiaire, et la fin de la niche fiscale “Pinel”. D’après les associations et les acteurices du secteur, le “volet social” de ces mesures est insatisfaisant et il n’y a pas une ligne sur les femmes et les minorités de genre… On ne le répétera jamais assez, l’approche genrée des politiques publiques est fondamentale !
* Chiffres de la Fondation Abbé Pierre (rapport publié en janvier 2022)
Léa Chamboncel