De l’impact de la rhétorique et de la propagande

La guerre en Ukraine favorise un contexte prône aux discriminations LGBTQIA+phobes en Russie. C’est une des conclusions que l’on peut tirer de l’étude de Sphere et “Coming Out” sur la situation pour les personnes LGBTQIA+ en Russie pour l’année 2022, publiée le 18 mai dernier.
Rien d’étonnant nous direz-vous. À peine 9 mois après l’invasion de l’Ukraine en 2022, le Kremlin a adopté une loi interdisant la “promotion des “relations sexuelles non traditionnelles”.
Cette étude montre que l’adoption de cette loi contribue à invisibiliser la communauté et, de fait, à renforcer la rhétorique LGBTQIA+phobe au sein du gouvernement, de ses représentants et des médias pro-gouvernementaux. D’ailleurs, de manière générale, les médias ont soit moins écrit ou arrêté d’écrire sur la communauté LGBTQIA+ et les groupes LGBTQIA+ présents sur les réseaux sociaux ont été suspendus ou sont devenus privés. De plus, de nombreuses organisations ont stoppé leurs activités et leurs employé·es ont quitté le pays. En Russie, la mobilisation pour la guerre en Ukraine a provoqué le départ à l’étranger de 16% des personnes recensées ; la plupart sont parties après l’annonce de la mobilisation. Et aujourd’hui, seulement 1 d’entre elles sur 5 pense revenir dans son pays.
En Russie, s’il est officiellement possible aujourd’hui de changer de sexe ou d’avoir des relations non hétérosexuelles, cette loi de lutte contre “la promotion” des relations sexuelles “non traditionnelles” et rend ces possibilités beaucoup plus minces et dangereuses. Elle contribue à un déterminisme social, mais surtout à la restriction de l’information concernant la communauté LGBTQIA+. Restreindre l’information c’est tuer la possibilité de son existence et c’est redoutablement efficace si l’on en croit une récente étude publiée par l’université de Stanford.
Cette dernière montre qu’en Chine, qu’une fois la propagande établie, elle est efficace car elle restreint l’accès aux informations considérées “sensibles” et crée un environnement où les citoyen·nes n’exigent pas de telles informations en premier lieu. Ce n’est qu’après exposition à des informations non censurées que les comportements commencent à changer… un peu.
Dans un cas, en Russie, on restreint l’information pour lutter contre la propagande (ironie), dans un autre, en Chine, on prouve que la propagande est efficace – mais lentement contournable. Et chez Popol, on en parle car nous pensons qu’il est important de lutter contre les rhétoriques installées, les mots répétés et les “discours ambiants”. Ces 2 études sont des preuves chiffrées des conséquences sociales et psychologiques qu’ils entraînent.
Clothilde Le Coz